Tong Bei Quan

Selon la légende, ce style fut créé au 3e-4e siècle avant J. C, par le moine taoïste Yuan Gong (on trouve également les noms Bei Shikou, Yisan et Dong Lingzi), qui, toujours d'après la légende, perdit un jour un combat contre un autre maître et fut transformé en singe blanc. C'est pourquoi il reçut le surnom de Baiyuan Laoren, “le vieil homme singe blanc" et le style est également connu sous le nom de Baiyuan Tong bei quan. Beaucoup pensaient qu'il était immortel, et continuait à enseigner en secret. Selon une autre source, c'est au cours de la dynastie des Ming (1368-1644) que Yuan Gong élabora ce style d'après l'observation du singe gibbon. Il aurait eu trois disciples, Wang Dao, Han Chen et Li Yi, qui transmirent son style appelé Baiyuan Tong bei quan 24 Shi ( les 24 techniques du singe blanc).



Selon une autre légende, le style fut fondé par Chen Tuan (Fuyaozi, ?-989), qui créa également une méthode de Qigong, nommée Shuigong Fa.
On considère généralement que l'histoire moderne du Tong bei quan commence avec Qi Xian (Qi Xin), un guerrier itinérant de la province de Zhejiang, qui étudia au début du XVIIIe siècle avec Lu Yunqing (Lu Yunqun). Après qu'il dut s'enfuir suite à des troubles survenus dans sa province natale, il se retrouva au Hebei, dans la ville de Guan, ou il fut engagé en tant que garde du corps dans une famille riche. Là, il devint célèbre pour s'être interposé face à dix hommes armés de lances et de sabres. Qi Xin était un fameux pratiquant de sabre et de lance, et c'est après ce jour qu'on le surnomma Ganzi Qi ou Qi la lance. Il pratiquait alors les 24 formes du Tong bi quan, et enseigna son style à plusieurs disciples, dont deux plus connus qui furent son fils, Qi Taichang, et Chen Qin.
Shi Husheng (Shi Hongsheng), un autre élève de Lu Yunqing, créa lui-aussi sa propre version de Tong bei quan, qui est beaucoup plus discrête, appellée Hei Quan (poing noir), pour cette raison.

Qi Taichang déménagea à Beijing (Pékin), où il modifia l'enseignement de son père. Moins corpulent que ce dernier, il mit l'accent sur l'aspect souple et technique des plus petits mouvements, en créant d'autres manières de frapper l'adversaire. Dès lors, il exista une Lao Qi Pai ("version du vieux Qi"), menée par Chen Qin qui perpétua plus adéquatement les mouvements de Qi Xin en axant davantage son style sur les grands mouvements et la force interne, et une Shao Qi Pai ("version du jeune Qi") dirigée par Qi Taichang. Aujourd'hui, ces deux écoles se sont regroupées en une. Chen Qin eût parmi ses élèves Wang Dianchun, qui apporta son style (Beiping) à Beijing.



Wang Dianqun était reconnu sa grande habilité au Tong bei quan et au sabre. Liu Yueding, qui maîtrisait déjà la boxe de Shaolin, fut de loin son meilleur disciple. Il ouvrit une salle de wushu à Beijing et laissait libre cours au combat, à toute personne qui pénétrait dans sa salle. Il fut engagé dans de nombreux combats, particulièrement contre les pratiquants de Yi quan (style de la pensée) avec lesquels il s'engageait sans aucune protection. Il eût à son tour de nombreux disciples, dont les plus connus furent Wang Xialin et Yang Buchan. Wang Xialin, une femme qui avait déjà apprit le style des 24 du Tong bei quan avec son père Wang Rupiao, étudia ensuite les 108 techniques de la famille Qi sous la tutelle de Liu Yueding. Sa renommée fut faite après avoir battu des soldats japonais dans le train durant la deuxième guerre mondiale. Quand à Yang Buchan, déjà maître dans la boxe de Shaolin, c'est lui qui mit en place les 108 techniques pour l'apprentissage du style d'une manière plus éducative. Yang Buchan eût de nombreux élèves, dont les plus connus furent Chen Degun, Zhong Guolin, et Yu Baolin.

Le Taiji Wuxing Tong bei quan fut créé par Ce Zhang (1864-1934), qui avait étudié, outre le Tong bei quan, le Shaolin quan avec son oncle Zhang Daxiang, et le Tai ji quan de style Yang avec Yang Jianhou (le fils de Yang Luchan).

Durant la dynastie Qing, Pan Wenxue, du comté de Cangzian (Hebei), qui enseignait un Tong bei quan reposant sur des bases contemplatives, était également à la tête d'une secte. C'est pourquoi ses élèves, considérés comme des hérétiques, durent cacher le nom de leur style, déclarant qu'ils pratiquaient un Tong bei quan "classique", qu'on pouvait prononcer Tong bi quan. Ce n'est qu'en 1911 que le vrai nom de l'école fut révélé au public.



Toujours au cours de la dynastie Qing, un des pratiquants les plus célèbres de Tong bei quan était Li Wenbiao, de Yanshan. Son successeur, Huang Linbiao enseigna à Ma Fengtu et à son frère Ma Yingtu, qui fondèrent en 1910 le Zhonghua Wushi Hui, l'"Association des guerriers chinois", et répandirent le Tong bei quan à travers le nord de la Chine (Heilonhjiang, Shaanxi, Gansu, Ningxia, Qinghai, Xinjiang). Le Tong bei quan est pour cette raison également connu sous le nom de Mashi Wuji, l'"art martial de la famille Ma". Le Tong bei quan inclue de nos jours le Tong bei, Pigua quan, le Baji quan, le Fanzi quan et le Chuo jiao quan.

Le Tong bi quan de la famille Qi se décompose de la façon suivante :
1. 13 Lungbei (les 13 manières de décontracter le dos et les bras)
2. 108 shou (les 108 mains - ou techniques - dont les 12 frappes de la paume).

Dans la version de Shi, il est basé sur 24 formes, ou Lian Quan (poings liés).


Vidéo Tong Bei Quan (Championnat de Chine 2003)